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Accord commercial UE - Mexique : nouveau péril pour les animaux ?

Intervention adressée le 8 juin 2020 au Secrétaire d'État bruxellois chargé des Relations européennes et internationales, suite à une demande d’explications de Marie Lecocq concernant « la conclusion de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mexique ». Pour lire l'intégralité des échanges, cliquez sur ce lien (page 20).

 

Beaucoup de choses ont déjà été dites à propos des grands accords commerciaux avec des pays tiers, que ce soit celui avec le Mercosur ou le CETA. Et donc maintenant sur celui avec le Mexique. J’ai l’impression que parfois, on caricature un peu les différentes positions des uns et des autres à propos de ces accords. Je pense que personne n’est en soi opposé à l’idée de développer des relations multilatérales avec des pays extérieurs à l’Union européenne. On peut évidemment se réjouir de la conclusion d’accords portant sur la lutte contre la corruption ou la coopération internationale. Mais en 2020, on ne peut décemment pas vouloir conclure des accords commerciaux de libre-échange pour des motifs économiques, ce qui est bien le but de cet accord, sans porter la plus grande attention aux critères, et à leur côté contraignant.


Depuis la crise, on est en droit d’être encore plus suspicieux à l’égard de ces grands accords mondiaux. Surtout à Bruxelles, où le gouvernement prône- à raison - l’importance d’une économie fortement relocalisée. Il est forcément difficile de voir comment la modernisation de l’accord avec le Mexique va dans cette direction (dans la mesure où l’un de ses principaux objectifs est de supprimer les droits de douanes).


Plus précisément, l’un des buts est de libéraliser le commerce des produits agricoles, y compris ceux d'origine animale. Or, s’il y a bien un secteur qui ne doit pas être intensifié, c’est celui de l’élevage d’animaux. Il me semble incontestable que la production de viande fait déjà assez de ravages.


Le nouvel accord finalisé en avril prévoit notamment de mettre en pratique l'accord de Paris sur le climat, mais je vois mal comment l’adoption de l’accord n’entraînerait pas, a contrario, une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

De plus, la crise de COVID-19 nous a montré les dangers qu’entraine la pression que l’humain exerce sur les écosystèmes, et donc de l'élevage intensif.


Il faut remarquer qu’un chapitre sur le bien-être animal est prévu dans l’accord entre l'Union européenne et le Mexique. C’est visiblement une première dans la politique commerciale de l’UE. Le but affiché est d'amener une meilleure application des normes de bien-être animal définies par l'Organisation mondiale de la santé animale, l’OIE. Mais premièrement, la formulation ne donne aucune indication d’un quelconque côté contraignant à cet objectif ;

deuxièmement, les règles de l’OIE sont généralement moins ambitieuses que la législation européenne en matière de protection des animaux d’élevage ; et, surtout, l'accord prévoit des préférences considérables pour le commerce de bœuf, de poulet, de porc et des œufs, sans même y conditionner le respect de normes de bien-être animal. Or, on sait très bien qu’en élevage intensif, le bien-être animal est inexistant.


J’aimerais donc connaître la position du Gouvernement bruxellois à ces égards, en lien notamment avec ses objectifs environnementaux mais aussi avec le fait qu’il reconnaît désormais aux animaux le statut d’ « être vivant doué de sensibilité, de propres intérêts et d'une propre dignité, et qui bénéficie d'une protection particulière ».

 

Photo d'illustration : L214


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