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Animaux en refuges : derrière les statistiques, attention aux effets pervers !

Question orale adressée le 25 octobre 2023 au Ministre en charge du Bien-être animal, concernant concernant les statistiques 2022 des refuges pour animaux bruxellois. Pour lire l'intégralité des échanges, cliquez sur ce lien.

En juin dernier, les dernières statistiques relatives aux refuges pour animaux de la Région bruxelloise ont été communiquées. On y apprend qu’en 2022, les neuf refuges bruxellois ont annoncé avoir recueilli un total de 5070 animaux.


Selon les données compilées par Bruxelles Environnement, ce nombre baisse d’année en année. On aurait ainsi enregistré une diminution de l’ordre de 40 % en l’espace de trois ans. Dans le détail, on apprend que sur ces 5070 animaux de l’année 2022, environ 55 % étaient des chats ; 21 % étaient des oiseaux ; 18 % des chiens et 5 % des rongeurs, lapins et autres.


Vous avez publié un communiqué pour commenter ces statistiques, en indiquant que vous vous réjouissez de cette baisse. Vous dites ainsi que, je vous cite : « moins d’animaux dans les refuges, ça veut dire moins d’animaux errants, abandonnés ou saisis », et que cela permet à ces refuges de « profiter d’une plus grande capacité d’accueil et donc offrir de meilleures conditions de vie à leurs pensionnaires ».


Je pense cependant qu’il faut malheureusement nuancer et contextualiser ces statistiques. En effet, quand on écoute les refuges ainsi que les associations venant en aide aux chats errants, la réalité du terrain semble bien différente.


Dans la presse, sur les réseaux sociaux et dans un courrier qu’elles vous ont remis, ces associations s’occupant de la stérilisation des chats errants ont donné un éclairage assez édifiant. Plutôt que de se résorber, elles constatent que le problème des chats abandonnés à Bruxelles prend sans cesse de l’ampleur.


Elles expliquent que si elles recevaient il y a quelques années 10 sollicitations par jour en saison haute, elles sont dorénavant passées à 30 demandes d'aide. Sur le terrain, le problème semble concrètement trois fois plus important qu’avant. Les associations sont parfois forcées de refuser quotidiennement plus de 20 demandes (de prise en charge d’animaux en détresse).


Un article de La DH donne également la parole au refuge Veeweyde sur cette situation. Ses responsables expliquent également recevoir un très grand nombre de demandes d’abandons, jusqu’à 15 par jour, qu’ils doivent souvent décliner, faute de place. Les propriétaires font alors le tour des refuges du pays pour se défaire de leur animal.


Ces témoignages concordants semblent clairement indiquer que les statistiques officielles des refuges ne dépeignent pas correctement la réalité du terrain.


Je pense qu’on peut tenter de l’expliquer par une série de facteurs. Premièrement, malgré quelques campagnes de sensibilisation, l’importance et l’obligation de stériliser son chat ne sont pas encore rentrées dans les mœurs, faute de mesures sanctionnatrices. Deuxièmement, le commerce de chiens bat toujours son plein et continue d’écouler des animaux qu’on achète par effet de mode, sans forcément avoir les moyens, le temps ou la motivation de s’en occuper. Troisièmement, la crise économique a mis à mal les possibilités de nombreux citoyens de s’occuper dignement de leur animal. Et troisièmement, les refuges bruxellois mènent désormais une politique très louable selon laquelle l’euthanasie n’est qu’une solution de dernier recours, mais cela les force à refuser de nombreux animaux, dont une partie sera abandonnée ailleurs, sans être compatibilisée dans les statistiques. On voit qu’il y a ici un effet pervers.


Mes questions sont les suivantes.

  • Votre cabinet ou Bruxelles Environnement analysent-ils les facteurs qui influencent l’évolution dans les statistiques des refuges ? Comment expliquez-vous la grande disparité entre ces données chiffrées et le bilan tiré par les refuges et associations de terrain ?

  • Quel est le résultat de la dernière rencontre que vous avez eue avec des représentantes du secteur des associations de terrain ?

  • Une évaluation a-t-elle déjà été menée pour connaître l’impact de la campagne de sensibilisation à la stérilisation des chats ? Avez-vous envisagé l’élaboration d’autres mesures, par exemple un renforcement des sanctions, dans le cadre la rédaction du Code du Bien-être animal ?

Enfin, un dernier point qui retient mon attention est celui des oiseaux. Si, pour toutes les autres classes d’animaux, les euthanasies ne concernent qu’un petit pourcentage des individus pris en charge, ce n’est pas le cas des oiseaux. D’après les statistiques, plus de la moitié sont euthanasiés. Pouvez-vous nous donner la raison de ce phénomène et le détail des espèces concernées ?

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