La publicité pour de la viande, des voyages en avion ou des voitures sera-t-elle bannie de nos rues ? Sur la base des enseignements du dernier rapport du GIEC, j'ai déposé au Parlement bruxellois un texte qui demande au Gouvernement régional de se pencher sur la question. Objectif : dans l'espace public, empêcher la publicité pour des produits polluants par un encadrement juridique basé sur des critères environnementaux, ainsi que par un dialogue avec les services publics tels que les STIB.
Tant au niveau de la Région bruxelloise que de l’État fédéral, il n’existe actuellement aucun texte qui permet de réellement encadrer la publicité selon des critères environnementaux, à l’image de l’interdiction de la pub pour le tabac qui est motivée par des raisons de santé publique.
Il s’agit selon moi d’une lacune juridique difficilement justifiable à l’heure où la Belgique commence à subir les effets du dérèglement climatique. Je viens de déposer une proposition de résolution invitant le Gouvernement bruxellois à travailler sur la problématique.
Les pouvoirs publics ne peuvent plus à la fois s’engager dans une réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre et rester les bras croisés devant des publicités pour les produits les plus polluants. C’est incohérent et contreproductif.
La réflexion est d’autant plus prégnante en Région bruxelloise, qui néglige ses émissions indirectes de gaz à effet de serre. Bruxelles mène, certes, d’importants chantiers – de rénovation du bâti et de mobilité – visant à réduire son empreinte carbone directe. Mais de l’aveu du Gouvernement bruxellois lui-même, ces émissions directes seraient cinq fois inférieures à ses émissions indirectes. En d’autres mots, la Région importe la plus grande partie de sa pollution.
Parce qu’elle nous incite à consommer, voire à surconsommer, la publicité émanant d’entreprises commerciales constitue un frein à la transition écologique. Ma proposition invite donc le Gouvernement à agir face aux annonces pour des produits dont on sait qu’ils pèsent lourdement sur le climat et l’environnement.
Pour les identifier, mon texte renvoie vers le troisième volet du dernier rapport du GIEC. Celui-ci identifie explicitement trois leviers à actionner en priorité : premièrement, l'évitement de l’aviation long-courrier et le besoin en infrastructures urbaines moins polluantes pour les courtes distances ; deuxièmement, l’amélioration de l'efficacité énergétique du secteur du bâtiment ; et, troisièmement, la nécessaire transition vers une alimentation végétale.
Or, beaucoup de publicités régulièrement visibles dans l’espace public émanent de secteurs pointés du doigt par le GIEC. C’est le cas de publicités pour des voyages en avion, des véhicules à moteur thermique ou encore des produits d’origine animale (pensons à toutes les affiches de fast-food). À cette liste, on peut ajouter les annonces émanant d’entreprises qui sont elles-mêmes directement responsables du raffinage, de la distribution et/ou de la vente de carburants fossiles.
En novembre dernier, Ecolo-Groen annonçait le dépôt à la Chambre d’une proposition visant, pour des motifs climatiques, la fin des publicités en faveur des énergies fossiles. Ce texte et le mien sont complémentaires. La proposition d’Ecolo-Groen permettra d’ouvrir le débat au niveau fédéral. Mon texte vient soutenir cette demande puisqu’il s’adresse également à l’État fédéral, en montrant que la Région partage la même préoccupation. Mais ma proposition va également plus loin : elle ne se limite pas aux publicités pour les énergies fossiles, elle vise également et directement une série de produits dont on sait qu’ils sont très polluants, tels que la viande et les voyages long-courrier.
J'attends maintenant que mon texte soit pris en considération par le Parlement bruxellois, et espère qu’il pourra être débattu dans les mois qui viennent.
Le texte de la proposition ↓
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