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Rétrospective animaliste 2021

C’est de saison, voici une petite rétrospective de ce qu’il s’est passé en 2021 à Bruxelles en matière de droits des animaux. On va parler d'avancées juridiques, de textes que j'ai déposés et enfin d'autres thèmes qui ont fait l'actualité parlementaire cette année. Il s’agit évidemment d’une sélection non exhaustive et qui est uniquement centrée sur la question animale. C'est parti pour mon bilan en tant que députée indépendante au Parlement bruxellois.

Les petites avancées de 2021


Pour commencer, la bonne nouvelle est qu’il y a eu quelques petites avancées à Bruxelles en 2021.


En février, le Parlement bruxellois a en effet approuvé un texte législatif du gouvernement qui porte deux mesures principales. La première est la généralisation de l’interdiction des carrousels à poneys. Depuis cette année, il n’est heureusement plus possible de faire tourner en rond des équidés dans des manèges. Et je plaide d’ailleurs pour que cette bonne mesure soit suivie par la fin des balades en calèches, qui ne sont pas beaucoup plus éthiques que les carrousels.


La deuxième mesure approuvée en février dernier est l’interdiction des pièges à colle. Et vu la cruauté de ce type de pièges, qui condamnent à une mort atroce les animaux qui en sont victimes, on se demande pourquoi il a fallu attendre 2021 pour adopter cette loi. Mais attention là aussi car la mesure est imparfaite, puisque seul l’usage des pièges à colle est interdit, pas leur commerce. On se retrouve donc dans une situation absurde, puisque ces pièges sont toujours en vente libre alors que leur utilisation est illégale. J’ai récemment adressé une question parlementaire au gouvernement bruxellois pour faire le point sur ce problème. En plus, ce ne sont pas les seuls pièges cruels qui sont en vente libre, puisqu’on peut toujours trouver des poisons anti-rongeurs dans les magasins de bricolage, alors que ces produits occasionnent de graves douleurs aux animaux. Il faut vraiment changer de regard sur ces animaux qui vivent dans les villes, proches des humains, ce qu’on appelle aussi les animaux liminaires.


Au début de l’année, une autre avancée a été entérinée : l’interdiction de la détention de cétacés. Il s’agit bien sûr d’une mesure symbolique, puisque Bruxelles ne compte heureusement aucun delphinarium. Mais on est sûrs désormais qu’il n’y en aura jamais, et, surtout, la mesure envoie un signal clair envers les autres pays et régions qui enferment toujours des dauphins dans des bassins de quelques mètres carrés. Cette avancée me réjouit particulièrement car elle porte sur la toute première proposition que j’avais officiellement déposée au Parlement bruxellois au début de la législature.


Textes débattus


Depuis lors, j’ai déposé une série d’autres textes, dont deux qui ont été discutés et soumis au vote cette année.


Le premier était une proposition de renforcer la lutte contre la maltraitance animale, notamment en recrutant davantage d’inspecteurs pour aller sur le terrain. Actuellement, il n’existe à Bruxelles que trois ou quatre inspecteurs vétérinaires mandatés, ce qui est évidemment bien trop peu pour contrôler tous les laboratoires, les élevages, les animaleries, l’abattoir régional, les refuges, en plus des particuliers en cas de signalement, etc.


La deuxième proposition discutée visait à renforcer drastiquement la protection des nouveaux animaux de compagnie, donc les oiseaux, rongeurs, reptiles, poissons, etcetera. C’est un texte que nous avions rédigé et déposé avec d’autres parlementaires, à l’initiative de Gaëtan Van Goidsenhoven et qui formulait de nombreuses propositions pour combler toutes les lacunes juridiques dont les NAC sont victimes, notamment en raison d’un trafic non contrôlé et d’une méconnaissance de leurs besoins.


Malheureusement, ces deux textes ont été rejetés par une majorité de parlementaires. Mais j’espère sincèrement que les idées concrètes de mesures feront leur chemin jusque dans les cabinets ministériels.


Textes déposés en 2021


Ensuite, j’ai déposé cette année quatre autres propositions d’ordonnance, qui devraient normalement être examinées par le Parlement dans le courant de l’année prochaine.


Premièrement, un texte qui demande au Gouvernement bruxellois de plaider pour des normes bien plus strictes sur le transport d’animaux vivants. On sait que le transport d’animaux vers les abattoirs est un véritable cauchemar, et j’estime que la Région bruxelloise doit se positionner face à ce problème. L’Union européenne est d’ailleurs en train de revoir sa législation en la matière, c’est donc le moment idéal pour que les États membres plaident pour des règles et des contrôles beaucoup plus sévères.


Deuxième proposition : l’interdiction pure et simple des captures de pigeons. À Bruxelles, des sociétés dites “anti nuisibles” continuent de piéger des pigeons dans des cages avant de les tuer. C’est non seulement cruels mais c’est également parfaitement inutile, puisqu’on sait que cela n’a aucun effet sur la taille des populations de pigeons, qui se rétablissent très rapidement. Il faut mettre définitivement un terme à cette pratique et passer à des méthodes de gestion plus respectueuses.


Troisième texte : l’interdiction de la vente d’animaux sur les marchés. Les animaux ne sont pas des marchandises, et il ne devrait clairement pas être permis de les exposer en pleine rue, au milieu de la foule. Ces animaux sont alors victimes d’achats impulsifs, par des personnes qui ne reçoivent aucune information sur les besoins de l’animal.


Et quatrième proposition : interdire le fait de maintenir un chien constamment attaché à une corde à une chaîne ou de l’enfermer sur une petite surface, comme c’est encore souvent le cas à Bruxelles. Je pense qu’il est inutile d’expliquer pourquoi cette mesure tombe sous le sens.


J’espère vraiment que ces quatre textes recevront un accueil favorable de la part des autres députés ; je publierai en tout cas les évolutions sur mon site internet et sur mes pages de réseaux sociaux.


Encore un mot sur une dernière proposition, déposée en 2019 mais qui n’a pas encore été débattue. Il s’agit de l’interdiction de la vente de foie gras issu du gavage. L’examen du texte a été retardé parce que le Conseil d’Etat a dû se pencher sur la question de la compétence de la Région bruxelloise de restreindre le commerce d’un produit, ce qui est normalement du ressort de l'État fédéral. Mais le Conseil d’État a rendu son avis cette année, et il confirme la possibilité pour la Région d’interdire la vente de foie gras issu du gavage. Mon texte devrait donc être débattu au début de l’année 2022.


Autres actus pour les animaux


Il y a encore de nombreux autres dossiers pour lesquels je me suis battue au Parlement bruxellois. J’en cite quelques-uns, sans tous les énumérer.


Le problème de l’expérimentation animale, pour commencer. La bonne nouvelle est que le nombre d’animaux en laboratoire a continué de diminuer à Bruxelles. Et en parallèle, le Gouvernement bruxellois accorde des subsides pour le développement et la promotion de méthodes de test alternatives. C’est une très bonne chose, mais pas suffisant pour autant. Je continue de plaider pour que des mesures contraignantes soient adoptées afin d’imposer une réduction graduelle et structurelle du nombre d'animaux en labo. Je pense que c’est indispensable, car sans ça, rien ne garantit que les statistiques ne repartiront pas à la hausse.


Ensuite, il y a bien sûr la question de la végétalisation de l’alimentation, qui reste le meilleur moyen d’épargner le plus grand nombre d’animaux mais aussi l’environnement. C’est une thématique sur laquelle je suis intervenue plusieurs fois au Parlement. À Bruxelles, il existe la stratégie « Good Food », qui promeut l’alimentation durable à plusieurs niveaux. Mais tant qu’on n’aura pas compris que la viande et les autres produits animaux ne sont pas des aliments durables, je crois qu’on continuera de se diriger droit dans le mur. En tout début d’année 2022, j'interpellerai à nouveau le ministre bruxellois de l’Environnement à ce sujet.


À propos d’environnement, je déplore que les espaces verts bruxellois soient encore et toujours menacés d’extinction, en raison des projets urbanistiques délétères du Gouvernement bruxellois. L’exemple le plus emblématique est certainement la menace qui plane sur la friche Josaphat, soit la dernière grande friche sauvage de la Région, qui constitue le lieu de vie ou de repos de centaines d’espèces animales. En effet, malgré l’importante mobilisation des associations, des naturalistes, mais aussi de plusieurs parlementaires, le Gouvernement ne semble pas prêt à abandonner son projet de construction de lotissements sur ce site pourtant officiellement considéré comme une zone à haute valeur biologique.


Un autre dossier qui a rythmé la fin de l’année politique au Parlement bruxellois est la question de l’abattage sans étourdissement. Bruxelles possède un abattoir régional, dans lequel on égorge chaque année 37.000 animaux pendant qu’ils sont encore conscients. Nous sommes aujourd’hui la seule région de Belgique a encore autoriser cette pratique. Pourtant, l’égorgement en pleine conscience occasionne une souffrance aiguë puisque plusieurs minutes d’agonie peuvent s’écouler entre l’égorgement des animaux et leur perte de conscience. Si j'estime qu'aucun animal ne devrait mourir pour notre consommation, le minimum serait déjà de leur épargner des souffrances inutiles. Pour améliorer le sort des animaux, nous devons saisir toutes les occasions, et réduire les souffrances pendant l’abattage me semble indispensable. Le Gouvernement n’a malheureusement pas jugé bon de se positionner sur ce dossier ; je milite donc au sein du Parlement bruxellois pour que les autres députés votent en faveur d’une généralisation de l’étourdissement. Une proposition devrait bientôt être déposée dans ce sens, nous serons donc bientôt fixés.


Conclusion


Voilà pour une petite sélection des thèmes animalistes qui m’ont occupée cette année au Parlement bruxellois, et sur lesquels je compte bien continuer à me battre en 2022.


Depuis le jour de mon élection, un de mes objectifs centraux est de mettre les intérêts des animaux sur l’avant-scène politique. Et je pense qu’il faut le faire tant par des petites avancées juridiques comme j’en ai présentées plus tôt, que par un travail plus profond pour amener les partis politiques à se positionner de façon plus fondamentale sur la condition animale. Les animaux ne sont pas des ressources, ce sont des êtres sensibles, sentients, et il est temps que cette prise de conscience percole également dans le monde politique.


Comme je l’ai dit en introduction, il ne s’agit que d’une sélection touchant à la condition animale. J’ai travaillé sur de nombreux autres dossiers que je trouve également primordiaux, comme par exemple la question des droits des femmes, l’absence de droits sociaux et de perspective des personnes sans papiers vivant et travaillant à Bruxelles, ou encore la prise en charge des personnes sans abris. Autant de problématiques qui sont malheureusement encore plus criantes depuis la crise du Covid.


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