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Manifeste

Depuis juin 2020, je siège en tant que députée indépendante au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale. Si je ne suis pas liée au programme d’un parti, j’assume néanmoins mon mandat en suivant une ligne politique établie, et fidèle aux idées que je défends depuis mon élection en mai 2019. Dans ce manifeste, je détaille plus précisément les priorités de mon engagement politique, et certains de mes positionnements dans des matières pour lesquelles la Région bruxelloise est compétente.

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  1. Animalisme politique

« Un animal est un être vivant doué de sensibilité, de propres intérêts et d'une propre dignité, qui bénéficie d'une protection particulière. »

 

En Région bruxelloise, cette phrase est inscrite à l’article premier de la Loi relative à la protection et au bien-être des animaux. C’est une belle reconnaissance théorique, que je n’aurais pu mieux écrire. Mais dans la pratique, les intérêts les plus élémentaires des animaux sont bafoués par notre société humaine. Nous exerçons envers eux une discrimination arbitraire basée sur leur appartenance à une autre espèce que la nôtre, malgré leurs pleines capacités à ressentir les effets brutaux de cette discrimination. J’ai le coeur à lutter contre cette injustice, là où elle s’exerce en Région bruxelloise. Je pense notamment aux problématiques suivantes (liste évidemment non exhaustive).

 

  • Omniprésent en Belgique et ailleurs, l’élevage intensif condamne des milliards d’animaux à une vie de misère et à une mort violente. Poulets, cochons, vaches, poissons… Comme nous, les animaux tiennent à la vie ; ils ressentent le plaisir et la joie, comme la douleur et la détresse. La consommation de produits animaux contrevient à leur intérêt à vivre et à ne pas souffrir, a fortiori dans les élevages industriels. Une transition alimentaire vers un modèle (plus) végétal épargnerait un nombre incalculable de vies, tout en bénéficiant à l’environnement et à la santé publique. Dans le même temps, il me paraît indispensable d'épargner aux animaux toute souffrance techniquement évitable, ce qui implique notamment la généralisation de l'étourdissement avant chaque abattage.

 

  • Les faits de maltraitance et de négligence envers des animaux dits de compagnie restent monnaie courante, y compris en Région bruxelloise. La réponse qu’y apportent les autorités est largement insuffisante, et les auteurs de ces faits jouissent d’une certaine impunité. Plus grave : dans la quasi totalité des cas, des personnes coupables de cruauté animale peuvent continuer à détenir des animaux. Il n’existe en Région bruxelloise qu’une poignée d’inspecteurs chargés du bien-être animal et, très souvent, les services de police n’interviennent pas de façon adéquate pour des problèmes de cet ordre, par méconnaissance ou désintérêt. Il est nécessaire de renforcer considérablement la lutte contre ces faits de maltraitance animale. Par ailleurs, un travail de sensibilisation de la population reste cruellement nécessaire sur des thèmes tels que la stérilisation obligatoire des chats.  

 

  • Selon les statistiques, plusieurs dizaines de milliers d’animaux sont utilisés chaque année dans les laboratoires de la Région bruxelloise. La Belgique est même l'un des États européens qui a le plus recours aux tests douloureux sur animaux. Je plaide pour l’adoption de mesures claires et concrètes qui iront dans le sens d’un remplacement de l’expérimentation animale par d’autres modèles.

 

  • Parce qu’il les assimile à des objets de consommation, le commerce des (nouveaux) animaux de compagnie s’oppose à l’esprit de l’article premier de la Loi sur le bien-être des animaux. Sur les marchés ou dans les animaleries, la vente d’animaux exposés favorise les achats impulsifs, et met en péril leur bien-être. Il n’est pas normal que l’on élève (intensivement) des animaux de compagnie alors qu’ils sont nombreux dans les refuges à attendre un nouveau foyer.  

 

  • Pigeons, chats errants/harets, souris, rats… Ni domestiques, ni sauvages, ces animaux cohabitent en ville avec les humains. Dans l’ouvrage Zoopolis, les philosophes Sue Donaldson et Will Kymlicka les définissent sous une nouvelle catégorie : celle des animaux liminaires. Nous les côtoyons depuis toujours, mais il n’ont toujours pas le droit de cité. Notre société les perçoit et les traite comme des intrus, des nuisibles, et a tendance à les exterminer en conséquence. C’est une vision rétrograde, qui nourrit dans son fondement les mêmes dynamiques d’exclusion que subissent certains humains en ville. Si une gestion de population de ces animaux s’avère nécessaire, seules les méthodes douces de régulation devraient pouvoir s’appliquer.
     

  • Capitale de l’Europe, Bruxelles doit selon moi jouer un rôle d’exemple devant les autres Régions et États. Par ailleurs, beaucoup de matières qui impactent le plus grand nombre d’animaux sont d’abord gérées à d’autres niveaux de pouvoir que celui de la Région bruxelloise. Je pense aux aides octroyées au secteur de l’élevage dans le cadre de la Politique Agricole Commune, aux législations européennes sur le transport d’animaux et à l’expérimentation animale, aux grands accord de libre-échange, etc. Bruxelles doit donc faire entendre sa voix au sein de l'Europe, et se positionner fermement pour des normes toujours plus strictes en faveur du bien-être des animaux.


En tant que mouvement social, l’animalisme est une revendication politique à part entière, dont la formulation la plus cohérente, l’antispécisme, doit être entendue dans les lieux de pouvoir démocratique. Mais les arguments moraux ne dispensent pas d’agir là où des résultats peuvent être obtenus pour les animaux. Convaincue que chaque progrès est utile à engranger, je tâche de faire avancer la législation bruxelloise dans le traitement que nous réservons aux animaux, notamment par rapport aux thématiques décrites ci-dessus. C'est un travail qui requiert du réalisme et du pragmatique, et que je souhaite mener en collaboration avec les membres de partis démocratiques qui souhaitent véritablement agir au Parlement bruxellois en faveur des animaux.

2. Climat, environnement, biodiversité

Sécheresses, vagues de chaleur, tempêtes violentes... En Belgique, nous commençons à ressentir les effets les plus visibles du dérèglement climatique. Ces phénomènes météorologiques extrêmes vont augmenter dans les années à venir. S’ils occasionnent des désagréments notables chez nous, ils posent des risques bien plus graves encore dans les pays les plus pauvres : pénuries d’eau, maladies, guerres… 

 

Il existe un large consensus scientifique mondial pour reconnaître l’activité humaine comme cause de ce dérèglement climatique : nos émissions de gaz à effet de serre (suite notamment à l'utilisation des combustibles fossiles et au déboisement) ont pour effet d’augmenter la concentration de ces gaz dans l'atmosphère.  

 

Dans le même temps, on estime être entrés dans la sixième grande extinction des espèces (disparition d’au moins 75 % des espèces animales et végétales), qui s’accélère vertigineusement depuis quelques décennies. Selon l’ONU, cette extinction accélérée s’explique notamment par la pollution, la surexploitation (surpêche), la destruction des habitats, les changements climatiques... Ces phénomènes affectent durement les individus humains et animaux. 

 

Alimentation responsable et végétale, mobilité plus douce, sobriété numérique, préservation des écosystèmes, relocalisation de l’économie et refus d’un accroissement du commerce mondial... : la Région bruxelloise a pleinement les moyens d’agir en faveur du climat et de la vie sauvage. Je soutiens toute initiative dans ce sens. L’heure n’est plus aux vagues promesses ou aux objectifs timides ! 

 

On peut d'ailleurs déjà craindre que certaines promesses gouvernementales ne seront pas tenues : je pense notamment aux plans de la Région qui prévoient la bétonisation d’espaces verts à Bruxelles pour la construction de nouveaux quartiers. Il faut dénoncer les doubles discours. Le combat pour la préservation de l’environnement et des habitats naturels ne se mène pas uniquement à l’autre bout du monde !

 

Le coût humain de la pandémie de Covid-19 a été énorme. Nous devons en tirer toutes les leçons. La principale est sans doute qu'il est moins coûteux de s'occuper des causes d'une pandémie que d'endiguer ses effets. Et l’un des principaux facteurs de risque d’épidémies est l’impact mondial de l’élevage intensif. D’une part, la déforestation qu’il requiert rapproche les humains des animaux sauvages (et donc des virus) ; d’autre part, la concentration extrême à laquelle sont soumis les animaux détenus dans les élevages industriels constitue depuis toujours une véritable poudrière en matière de zoonoses. Le Covid-19 a laissé l’humanité groggy ; comment traverserons-nous la prochaine pandémie que certains nous annoncent déjà ? Pour cette raison également, je plaide pour un changement de paradigme dans notre consommation alimentaire. 

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3. Justice sociale, égalité des chances, droits des femmes

Accès à l’emploi, au logement, à l'éducation, aux soins de santé, à l’énergie et à l’eau… : les données sociologiques nous prouvent, si c’était nécessaire, que les Bruxellois sont loin d’être égaux selon beaucoup de critères de qualité de vie. Il reste malheureusement un très long chemin avant de pouvoir parler d’égalité des chances. Pour y parvenir, la Région doit mener une politique sociale permettant un accès le plus inclusif possible à chacun de ces aspects, et rester à l'écoute des associations de terrain qui composent le tissu social.

Le repli sur soi n’a jamais bénéficié au vivre ensemble, il alimente au contraire les tensions et les insécurités. La réponse aux enjeux démographiques est une politique d’inclusion et de solidarité, en allant dans le sens de la promotion sociale et de la cohésion sociale. 

 

Dans le même temps, notre modèle socio-économique ne peut faire passer la finance avant l’épanouissement des citoyens. Face notamment à l’uberisation d’une partie de l’économie, il faut se positionner contre la perte des acquis sociaux et une aliénation des travailleurs. La course à la croissance amène des situations de crises, elle doit être remise en question.

 

Le principe d’inclusion s’applique également aux institutions politiques. La démocratie doit résolument s’inscrire dans une logique plus large que le simple système électoral : par exemple en ouvrant les parlements aux citoyens. À Bruxelles, c’est l’objectif visé par des outils tels que le droit de pétition parlementaire et les commissions citoyennes, auxquelles j’apporte mon soutien sans réserve. Ces initiatives doivent être élargies à toujours plus de participation citoyenne.


Enfin, les femmes restent aujourd’hui encore une part fragilisée de la population : en termes d’emploi, d’écart salarial, de représentativité, de familles monoparentales (86 % sont des femmes seules avec enfants), mais aussi de violences conjugales et de comportements sexistes. Si des évolutions positives sont indéniables, notamment en Région bruxelloise (principe d’alternance hommes-femmes sur les listes électorales), il reste énormément de leviers à placer et de conscientisation à opérer avant d’arriver à une société égalitariste.

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