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Expérimentation animale : face à des statistiques stationnaires, d'autres mesures s'imposent

Demande d'explications adressée le 14 décembre 2022 au Ministre bruxellois du Bien-être animal, concernant « la politique menée par le gouvernement à l'égard des souffrances des animaux en laboratoire ». Pour lire l'intégralité des échanges, cliquez sur ce lien.

Depuis 2016, le nombre d’animaux utilisés et tués dans les laboratoires de la Région bruxelloise suivait une tendance baissière notable. De près de 98.000 animaux en 2014, nous étions arrivés à 55.688 individus soumis à des expériences en 2020.


Depuis le début de la législature, à ces relatives bonnes nouvelles annuelles était joint un communiqué de votre part, qui soulignait la diminution et l'associait aux subsides accordés par le Gouvernement pour le développement de méthodes de tests alternatives.


Mais en novembre dernier, votre communiqué qui a suivi la publication par Bruxelles Environnement des statistiques de l’expérimentation animale pour l’année 2021 a soigneusement évité la comparaison avec les chiffres de l’année précédente. Et pour cause, à la lecture des dernières statistiques, il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir.


En effet, la tendance baissière observée les années précédentes s'est arrêtée net en 2021. Les laboratoires présents sur le territoire bruxellois ont utilisé 55.473 animaux soit presque exactement le même nombre qu’en 2020.


Le détail des chiffres nous informe que plus de 98 % de ces individus étaient des rongeurs. Les autres animaux soumis à des tests appartenaient pour la plupart à des espèces dites agricoles, essentiellement des poules et des cochons. Deux tiers des expériences réalisées entraient dans le cadre de la recherche fondamentale, soit un domaine qui ne vise pas une application directe en termes de santé publique.


Une autre constante malheureuse est le niveau de souffrances éprouvées par les animaux. Comme les années précédentes, plus d’un cinquième des individus utilisés ont subi le pire degré de douleurs, de l’aveu même des chercheurs à qui on laisse la liberté d’évaluer la gravité des expériences.


On se rappellera qu’en 2016, une enquête menée par GAIA en caméra cachée dans les laboratoires de la VUB permettait de se rendre compte, par-delà des chiffres, de la réalité vécue par les animaux utilisés à Bruxelles.


Monsieur le Ministre, les dernières statistiques contrarient donc la volonté que vous avez affichée de parvenir à l’objectif ultime de zéro expérimentation animale. Le surplace enregistré en 2021 ne va pas non plus dans le sens de la diminution drastique de l’utilisation d’animaux de laboratoire décidée par le Gouvernement dans sa DPR.


À mon sens, ce qui a surtout manqué jusqu’à présent, c’est une réelle analyse des causes derrière les diminutions observées les années précédentes. En 2021, je vous interrogeais justement à ce sujet, en indiquant que cette évolution baissière, probablement multifactorielle et conjoncturelle, pourrait un jour s’inverser en l’absence d’autres types de mesures. Un an plus tard, force est de constater que s’il n’y a pas, à ce stade, d’augmentation, il y a bien une stagnation.


Les subsides consentis par le Gouvernement pour le développement de méthodes alternatives à l’expérimentation animale sont indéniablement une bonne mesure. Mais si l’objectif est réellement la protection des animaux, ils ne se substituent pas à des politiques de nature plus contraignante.


Les années précédentes, des esprits peu attentifs auront peut-être fait un lien direct entre ces subsides et la baisse du nombre d’animaux dans les laboratoires bruxellois. Mais corrélation n’est pas causalité. Preuve en est que l’année où le plus gros subside a été octroyé à la VUB en faveur des méthodes alternatives est aussi l’année où le nombre d’animaux sacrifiés pour la science a arrêté de diminuer.


Monsieur le Ministre, je souhaite donc à nouveau vous interpeller sur la nécessité de développer d’autres politiques contre les souffrances des animaux en laboratoire.


Dans ce Parlement, nous avons déjà évoqué plusieurs idées pouvant être déployées en Région bruxelloise tout en étant conformes à la directive européenne en la matière. Il s’agirait par exemple de fixer un objectif clair et annuel de réduction du nombre d’animaux via l’acceptation des projets de recherche. Ou encore de travailler à une révision des fonds octroyés à la recherche sur des animaux, notamment par Innoviris.


Au-delà des subsides consentis pour le développement de méthodes sans animaux, pourriez-vous donc indiquer quelles réflexions sont menées par le Gouvernement en vue d’autres politiques en matière d’expérimentation animale qui permettraient d’atteindre au minimum l’objectif de réduction drastique ?


Par ailleurs, menez-vous une analyse systématique des causes des évolutions statistiques observées dans le nombre d’animaux utilisés par les laboratoires à Bruxelles ?


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