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La vie déplorable des pigeons à Bruxelles

Question orale adressée au Ministre bruxellois du Bien-être animal le 14 octobre 2020 concernant la concernant la gestion des populations de pigeons. Pour lire l'intégralité des débats, avec la réponse du Ministre, cliquez sur ce lien.

 

Dans sa DPR, le Gouvernement prévoit de déployer une politique de gestion des pigeons sur le territoire régional. C’est une volonté que je soutiens car quand on observe quelques minutes l’état général des pigeons à Bruxelles, on se rend compte que ces animaux ne reçoivent pratiquement aucune considération, et qu’ils souffrent d’une condition sanitaire assez catastrophique. Quand ils ne tombent pas malades à cause d’une alimentation inadaptée, ils se font percuter par des voitures, ou bien ils perdent une patte à cause de fils ou de cheveux enroulés qui nécrosent leurs membres.


Il ne me semble pas inutile de rappeler que les pigeons des villes proviennent à l’origine du pigeon biset, qui niche dans les falaises et sur les rivages, d’où leur attrait pour nos façades. Très tôt, l’Homme a trouvé un avantage à leur exploitation, et en a donc commencé l’élevage. D’abord pour leur chair, ensuite pour le plaisir esthétique, et également comme pigeon voyageur. Ils sont donc devenus des animaux domestiqués.


Si cette pratique d’élevage est aujourd’hui plus rare, ces pigeons continuent de vivre proches des humains. Puisque les pigeons des villes sont domestiqués, ils dépendent de nous. Comme le disait Antoine de Saint-Exupéry : « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. »


Mais pour une raison qui me semble assez irrationnelle, les pigeons sont très mal considérés dans nos sociétés. Pourtant, les nuisances qu’on peut leur attribuer se limitent à leurs déjections.


Il est vrai cependant que ces oiseaux sont en surpopulation, et les premières victimes de ce surnombre, ce sont les pigeons eux-mêmes. Donc il y a du sens à vouloir limiter leur population. Mais il faut évidemment le faire de façon efficace et respectueuse. Or, ce n’est pas toujours le cas. En Belgique, certaines communes utilisent ou ont utilisé par exemple des canons à filet, qui capturent les oiseaux de façon groupée pour ensuite les gazer. Il s’agit d’une méthode non seulement cruelle mais également non durable, puisque l’espace vacant est rapidement réinvesti par une nouvelle population de pigeons. Encore aujourd’hui, des sociétés comme la SNCB ou la STIB capturent des pigeons, et dans des conditions pas toujours légales.


En avril, Monsieur Clerfayt expliquait qu’une étude avait été commandée par le département du bien-être animal et le service biodiversité de Bruxelles Environnement, et qu’elle avait débouché sur un plan d’action pour les communes. Le plan recommande essentiellement de réduire la quantité de nourriture disponible pour les animaux. Notons qu’il mentionne tout de même l’idée des pigeonniers contraceptifs, qui permettent d’éliminer les oeufs fécondés et donc d’éviter des naissances.


Pendant ce temps, certaines communes bruxelloises mettent en place leur propre politique de gestion, comme Bruxelles-Ville et Ixelles, qui s’orientent vers la distribution de grain contraceptif, ou encore Schaerbeek, qui veut mettre à profit le pigeonnier du parc Josaphat. On voit donc que le besoin d’une gestion coordonnée à l’échelle régionale se fait de plus en plus sentir.


Pour ce qui concerne la distribution de grain contraceptif, certains acteurs émettent des réserves à cause du manque de recul. Concrètement, ils craignent les effets de ces graines sur d’autres animaux et sur l’environnement si elles restent au sol. Les retours qui nous parviennent indiquent que dans les faits, ce problème n’en est pas un. Premièrement, il s’agit de grains de maïs, qui sont trop gros pour être ingérés par la plupart des autres espèces d’oiseaux. Deuxièmement, les pigeons sont habitués à être nourris à un endroit bien précis, et ils dévorent véritablement tous les grains en quelques instants. Et troisièmement, une vérification du site de nourrissage peut de toute façon avoir lieu pour s’assurer qu’il ne reste plus de grain au sol.


En résumé, tant les pigeonniers contraceptifs, dans lesquels on remplace les œufs par des leurres, que les graines contraceptives constituent des méthodes de gestion valables. Mais interdire purement et simplement le nourrissage n’est pas une bonne idée. Si la population des pigeons diminue en cas de manque de nourriture, on ne peut pas nier le fait que cette mesure les expose à la famine. Ce sont des animaux domestiqués, qui dépendent de nous. On pourrait par exemple appliquer ce qui se fait déjà très bien pour les chats errants, c’est à dire un nourrissage encadré par les autorités et réalisé par des bénévoles, qui distribuent ainsi une alimentation adaptée aux animaux, dans le cadre d’un système de contraception. Cela amène l’autre avantage de concentrer les populations de pigeons à des endroits où les citoyens y verront moins une nuisance.


Mes questions sont les suivantes :

  • Où en sont les discussions en vue d’une politique de gestion des populations de pigeons sur l’ensemble du territoire régional ?

  • La Région bruxelloise est-elle en contact avec les communes qui développent des plans de gestion sur leur territoire ?

  • La Région et Bruxelles Environnement ont-elles obtenu davantage d’informations concernant spécifiquement la distribution de grains contraceptifs, en se basant notamment sur les expériences dans d’autres pays comme la France, l’Italie et l’Espagne, mais aussi par exemple à la Ville de Bruxelles ?

  • En complément de l’interdiction du nourrissage par tout un chacun, la Région a-t-elle envisagé la possibilité de mettre en place un nourrissage encadré, comme cela se fait pour les chats errants ?


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