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Réaction suite à la déclaration de politique générale du Gouvernement bruxellois

La déclaration de politique générale du Gouvernement bruxellois peut être consultée ici. La discussion complète qui a suivi cette déclaration au Parlement bruxellois est disponible ici.

 

Pendant les mois qui ont précédé les élections, il a beaucoup été question de deux thèmes, qui ont pris une importance véritablement inédite dans le contexte politique, y compris dans notre Région bruxelloise. Il s'avère que ces deux thématiques correspondent précisément aux motivations de vote des électeurs de mon parti. Il s'agit du bien-être animal et de l'urgence climatique.


Je ne créerai donc pas la surprise en concentrant mon commentaire sur ces deux problématiques. D'emblée, je déplore qu'une place plus importante n'ait pas été accordée au thème du bien-être animal.


Mais commençons par les éléments positifs. Il est indéniable que la nouvelle majorité souhaite faire preuve de sérieux dans sa manière d'aborder les enjeux environnementaux. Il y a 30 ans, Bruxelles devenait une Région à part entière, et aujourd'hui, elle est la première à viser la neutralité carbone d'ici 30 ans. Il y a une certaine ambition dans cet objectif, qui envoie par ailleurs un signal fort aux autres Régions et aux autres États membres de l'Union européenne.


Je note également la mise en avant d'objectifs concrets pour parvenir à une politique climatique plus juste. Citons, par exemple, le développement d'infrastructures cyclables dans le but de doubler l'utilisation du vélo, ou le soutien à l'agriculture urbaine qui pourra bénéficier aux circuits courts. Je remarque aussi la volonté positive de création d'espaces verts, de réduction de la surface bâtie au sol et de développement d'un programme de verdurisation. J'espère que ces objectifs ne seront pas vite oubliés en raison de projets de développement territorial agressifs. II est bien connu que les espaces verts en ville apportent de vrais bénéfices s'agissant de la qualité de vie et de la biodiversité.


Je me réjouis également de lire qu'un travail sera fait pour améliorer la qualité de l'air, en se concentrant par exemple sur la question des chauffages alimentés en combustibles fossiles.


Cependant, on peut craindre que l'échéance de 2035, prévue pour la fin complète des voitures à combustion fossile, ne soit trop tardive pour réduire suffisamment les émissions de gaz à effet de serre. Aussi, la disparition de ces voitures ne doit en aucun cas être une belle promesse qui ne reposerait en réalité que sur un espoir de transition naturelle du secteur.


Dans la description de cette transition environnementale, l'accord gouvernemental fait la part belle à son objectif de partenariat avec le monde des entreprises. J'espère que cette stratégie d'allocation de moyens à des entreprises plus durables et responsables sera plus qu'une déclaration d'intention et, surtout, qu'elle ne se fera pas au détriment de véritables mesures politiques contraignantes. Jusqu'à présent, l'économie de marché n'a franchement pas été bénéfique à l'environnement.


J'en viens maintenant à un oubli, selon moi, impardonnable. Nulle part, la déclaration du gouvernement ne fait mention de la part des protéines animales dans notre alimentation. Trois des six partis qui forment la nouvelle majorité avaient pourtant explicitement inscrit ce point dans leur programme électoral bruxellois.


Avant les élections, le PS, DéFI et one.brussels-sp.a annonçaient vouloir augmenter la part des protéines végétales dans les cantines et les restaurants des collectivités. J'ose espérer que ni Ecolo ni Groen n'auraient vu cette mesure d'un mauvais œil. Pourquoi cette intention n'a-t-elle pas été retenue dans l'accord de gouvernement ?


La viande représente 14,5 % des émissions de CO2, une importante pollution des sols à cause du nitrate et du phosphore, un risque accru de maladies cardiovasculaires, un grave problème de santé publique, notamment à cause de la résistance aux antibiotiques, et 60 milliards d'animaux tués chaque année - dont 318 millions rien qu'en Belgique - dans d'atroces souffrances et après une courte vie de misère. Ceci sans aucune bonne raison.


Il est incompréhensible qu'un gouvernement qui annonce vouloir s'attaquer sérieusement aux enjeux environnementaux ne mentionne même pas les ravages que provoque l'élevage intensif d'animaux. On ne compte plus les études scientifiques qui martèlent l'urgence d'une réduction de la consommation de viande. Les agglomérations urbaines telles que Bruxelles sont déterminantes en matière de demande en viande. Je demande au gouvernement de prendre ses responsabilités et de comprendre toute l'importance de cette question.


Enfin, la part accordée à la problématique du bien-être animal dans l'accord de gouvernement est assez déplorable. Les animaux n'ont même pas droit à un sous-titre distinct. C'est assez ironique, vu la place prise par cette thématique dans la communication des partis pendant la campagne électorale.


Il y a bien quelques mesures proposées. Ainsi, je lis que le gouvernement entend mettre l'accent sur les circuits courts, comme si les animaux n'étaient pas élevés de façon ultra-intensive en Belgique. Il faut rappeler que plus de 90 % des poules et des cochons détenus dans notre pays passent la totalité de leur courte vie dans des bâtiments fermés, sans jamais voir la lumière du jour. On y pratique l'ébecquetage, le broyage ou le gazage des poussins mâles, la castration à vif des cochons, etc.


Le gouvernement annonce également vouloir réduire l'utilisation d'animaux en laboratoire. C'est une belle intention, qui était déjà présente dans l'accord gouvernemental de 2014. Je lui souhaite donc un meilleur succès. On se rappellera que l'objectif de la précédente secrétaire d'État au bienêtre animal, qui prévoyait de réduire de 30 % le nombre d'animaux de laboratoire à l'horizon 2025, n'a finalement jamais été approuvé.


Vient aussi un point sur la stérilisation des chats domestiques et errants. C'est bien sûr une mesure importante et nécessaire, mais la stérilisation des chats domestiques est déjà obligatoire, et celle des chats errants est une matière gérée par les communes. Il aurait été plus concret et efficace de rendre cette stérilisation obligatoire par les communes ou, au minimum, d'annoncer la continuité des subsides régionaux pour les communes qui le font.


La formation des agents de police à la question du bien-être animal est une bonne chose, mais la lutte contre la maltraitance animale ne doit pas se limiter à cette mesure. Qu'en est-il, par exemple, d'un renforcement de l'équipe de Bruxelles Environnement, qui est compétente pour le contrôle du bien-être animal depuis la régionalisation de cette compétence, voire de la création d'une vraie police des animaux ?


Je salue cependant la volonté de lutter contre le commerce abusif d'animaux de compagnie, même si on peut déplorer l'absence d'une volonté de mettre purement et simplement un terme au commerce d'animaux dès lors qu'il ne s'agit pas d'objets et que la population des refuges ne fait qu'augmenter d'année en année.


Je salue aussi la volonté d'examiner la question d'un permis pour la détention d'animaux. Quant à la mention d'une politique régionale de gestion des populations de pigeons, j'ose seulement espérer que celle-ci se fera de manière douce et non invasive.


Voilà à quoi se limitent les intentions du gouvernement en matière de bien-être animal. Je constate donc un manque d'ambition par rapport à la législature précédente. Entre 2014 et 2019, des mesures symboliquement fortes avaient pu être adoptées, telles que l'interdiction de la production de foie gras ou de fourrure, une modification du statut des animaux ou encore le renforcement des sanctions en cas de maltraitance animale.


Il reste encore beaucoup à faire à Bruxelles pour la protection des animaux. Je pense notamment au problème de l'abattage sans étourdissement. L'absence de ce point dans l'accord de gouvernement dénote un manque de courage politique. La question a clairement été glissée sous le tapis, et je trouve cela déplorable.


Bruxelles est la seule Région du pays à permettre encore l'égorgement des animaux en pleine conscience lors des abattages rituels, ce qui est inacceptable. Les associations vétérinaires belges et européennes condamnent cette pratique, parce qu'elle provoque chez les animaux une souffrance vive et évitable. Il faut rappeler que l'objectif n'est pas du tout d'interdire l'abattage rituel, mais d'y ajouter un critère supplémentaire, qui permet d'épargner aux animaux une souffrance inutile,


D'autres mesures sont également nécessaires à Bruxelles. Je pense notamment à un encadrement beaucoup plus strict du transport des animaux d'élevage, à l'interdiction des calèches dans le centre de Bruxelles, à l'interdiction de la détention de cétacés, à l'adoption de résolutions pour pousser vers le haut les normes européennes sur le bien-être animal, ou encore à un étiquetage des produits qui font le plus souffrir les animaux.


Certaines de ces propositions figuraient d'ailleurs dans le programme des partis formant la nouvelle majorité. La déclaration de gouvernement mentionne que le bien-être animal occupe une place croissante dans notre société. Je partage évidemment ce point de vue, et je suis sûre que les citoyens attendent beaucoup de la part du gouvernement à ce propos.

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