Question orale adressée le 5 mai 2021 au Ministre bruxellois de l'Environnement. Pour lire l'intégralité des échanges, cliquez sur ce lien.
En décembre dernier, la Ville d’Amsterdam adoptait une motion envisageant la fin des publicités pour des entreprises et des produits liés aux énergies fossiles. L’idée est, par exemple, de bannir de l’espace public des messages promotionnels pour les voyages en avion low cost.
Avant d’être appliquée de façon graduelle, la faisabilité de cette mesure doit encore être étudiée par la Ville, mais la motion rappelle à juste titre qu’il existe déjà dans la loi des restrictions publicitaires, puisque la réclame pour le tabac est déjà interdite.
En mars et avril derniers, c’est l’Assemblée nationale française qui votait en faveur de l’interdiction, inscrite dans son projet de loi climat, de la publicité pour la vente des énergies fossiles. Cette mesure a été critiquée pour son manque d’ambition, puisqu’elle ne concerne pas réellement les biens et services polluants, mais simplement les énergies en elles-mêmes.
Malgré ces critiques, je retiens l’analyse de la démarche faite par la ministre française de la Transition écologique, qui explique que la « publicité reflète et influence nos modes de consommation. Elle doit contribuer à les rendre plus vertueux. »
On voit en tout cas que la question fait débat et avance chez plusieurs de nos voisins.
Très souvent, la publicité repose sur une sollicitation de nos réactions émotionnelles et de certains de nos biais cognitifs. On peut citer l’effet de rareté, la pensée de groupe, l’effet de mode, l’appel à la virilité... Les exemples sont nombreux. Et dans beaucoup de cas, ni notre réflexe émotionnel, ni le produit qu’on cherche à nous vendre ne contribuent à une société plus responsable, durable ou égalitaire.
Le problème causé par certaines publicités a d’ailleurs fait l’objet d’un débat en mars dernier en commission Égalité des chances, grâce à l’intervention de ma collègue Margaux De Ré, qui a interrogé Madame Ben Hamou au sujet d’une possible interdiction des publicités sexistes.
Dans sa réponse, Madame Ben Hamou a expliqué que, dans le cadre d’une révision du RRU, Monsieur Smet étudie actuellement la possibilité d'imposer des conditions au contenu des publicités, pour y empêcher tout contenu contraire à la loi, à l’ordre public ou aux bonnes mœurs. Le contenu publicitaire est une matière qui touche cependant aussi au Code de droit économique, et la légalité de la démarche doit donc être analysée.
Je pense qu’une réflexion similaire peut être menée en ce qui concerne la publicité visant des biens et services polluants. À ma connaissance, ni la Région ni le fédéral n’ont pris d’engagement à cet égard dans les accords de gouvernement. Il y a par contre des intentions en faveur d’une réduction des émissions indirectes de gaz à effet de serre dans la politique climatique.
Il est facile de voir comment la publicité, qui nous incite généralement à consommer et surconsommer toujours davantage, est un frein à une transition écologique. Elle nous pousse par ailleurs à des achats émotionnels, donc souvent irraisonnés, voire à des achats impulsifs. Et un troisième facteur aggravant est le fait que beaucoup de publicités qui s’imposent à nous dans l’espace public bruxellois concernent des produits particulièrement non durables, tels que des voyages en avion, des voitures imposantes ou de la viande.
Monsieur le Ministre, parallèlement aux réflexions qui sont menées pour mettre un terme aux publicités sexistes, le Gouvernement a-t-il envisagé de travailler sur une restriction des publicités visant des produits liés aux énergies fossiles ou autrement polluant ? Quelle est votre position à ce sujet ? Savez-vous si le fédéral s’est penché sur cette question ? Des discussions existent-elles à ce propos avec des organismes tels que le Jury d’Éthique Publicitaire ?
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